Chapitre 10

 

Un jour Lisbeï rencontra son père. Elle ne le nommerait pas ainsi. Le mot n’existait plus, même à Wardenberg ; on ne le trouvait que dans les plus vieilles reliques des Harems échappées aux Ruches et dans certains documents du Déclin. En fait, Lisbeï ne le nommerait pas du tout, même dans son journal : ce serait « il » dans toutes les pages consacrées à l’incident. Un jour Lisbeï rencontra… son géniteur. Lisbeï rencontra… l’ex-premier Mâle de Selva – qui était depuis longtemps un ex-mâle, d’ailleurs. C’était un Bleu d’une cinquantaine d’années, plutôt petit et râblé, la face large et un peu rougeaude, les cheveux d’un brun qui virait au gris et qui s’éclaircissaient sur le dessus. Elle ne l’aurait pas rencontré s’il n’était venu la rencontrer lui-même, ou du moins la voir, à l’une des conférences controversées que les « Indépendantes » donneraient à Wardenberg, à la fin de l’hiverné 95. Assis au premier rang, il y aurait ce Bleu pas du tout remarquable ni remarqué d’abord, un Bleu parmi d’autres, mais dont elle croiserait toujours le regard fixé sur elle pendant toute la conférence, dans un visage à l’expression parfois choquée mais plus souvent sceptique et amusée, un peu indulgente. À la fin de la conférence, il ne s’en alla pas. Mais il ne posa pas non plus de questions pendant la période destinée aux questions. Il continuait à l’observer, toujours à peu près avec la même expression, comme curieux maintenant de voir comment elle se tirerait des critiques parfois véhémentes que certaines réservaient à ses comparaisons entre les diverses versions de la Parole, par exemple – celle de Hallera, celle d’après la Décision de Karillie… En général, on n’accueillait pas très bien l’une de ses conclusions temporaires : la version de Hallera, comme ses lettres et tout ce qu’elle avait écrit, faisait beaucoup trop appel à des éléments venus des Harems plus que des Ruches, venus même du Déclin. Une analyse linguistique minutieuse révélait sous le slavoï de Hallera – et sous le vieux-litali de sa fille Ariane – des tournures et des structures qui étaient bel et bien celles du vieux-frangleï utilisé à l’époque en Baltike. D’autres détails étaient curieux, quand on les rapprochait : la technique de l’insémination artificielle n’apparaissait-elle pas en Litale (et à Béthély en particulier) à une période bien proche de la fin de la Ruche ? Cette technique avait été redécouverte et utilisée d’abord à Wardenberg. Et Alicia était allée proposer la paix à Wardenberg. Et si la fille de Hallera, Ariane, avait été une agente de Wardenberg ? Et si Hallera, elle-même, qui sait… ?

Ces hypothèses-là étaient encore moins bien accueillies – surtout à Wardenberg.

Mais le Bleu se contentait d’écouter les arguments, bien tranquille, en secouant parfois la tête avec une expression vaguement incrédule quand la discussion dégénérait momentanément en vociférations dans l’assistance. Puis, quand la salle eut commencé à se vider, il serait parti sans rien dire si Lisbeï, fort énervée comme d’habitude par tout l’exercice, ne lui avait soudain demandé ce qu’il pensait de tout cela, lui. Elle se trouvait assez près pour qu’il ne pût penser qu’elle s’adressait à quelque autre, mais il eut l’air surpris d’être consulté. « Je ne sais pas, dit-il.

— Comment, vous ne savez pas ! » s’exclama Dougall en souriant – ces conférences l’excitaient aussi. « Vous n’avez pas d’opinion ?

— Je suis juste venu voir », dit le Bleu, un peu embarrassé d’être ainsi pris à partie. Il ne restait plus que les compagnes les plus proches de Lisbeï, Fraine qui rangeait les sièges avec Marcie et Bertia, Livine qui ramassait les documents et Dougall, qui demanda cette fois avec humeur : « Voir quoi ? ». Depuis le début du cycle de conférences, il y avait toujours eu au moins une personne pour le prendre à partie en tant que Bleu qui ne se mêlait pas de ses affaires ; cette fois-là, il y avait eu deux hommes, tous les deux des Rouges.

Le Bleu désigna Lisbeï du menton.

« Quoi, la fameuse Lisbeï de Béthély ? » dit Lisbeï, irritée à son tour. Personne ne semblait prête à oublier son rôle dans la découverte du carnet, que ce fût pour l’en féliciter ou, plus souvent, pour critiquer les modalités de sa révélation.

« Lisbeï, de Béthély-Callenbasch », dit le Bleu. Puis, presque d’un ton d’excuse. « Je suis Erne, de Callenbasch. »

Lisbeï ne comprit pas tout de suite. Puis, quand elle eut reconnu le nom, son premier réflexe fut d’éclater de rire. L’aura confuse du Bleu palpita de vagues teintes blessées. Lisbeï essaya non sans difficulté de retrouver son sérieux : « Non, excusez-moi, c’est la surprise. »

Qu’étais-je censée faire, alors ? Que devais-je dire ? Devais-je dire ou faire quelque chose de particulier ? Ou simplement le laisser me regarder et lui dire « Eh bien voilà, vous m’avez vue, vous pouvez vous en aller » ? Et puis, j’ai pensé à Toller et à ce que m’avait dit Kélys, comme ses petites de Wardenberg étaient importantes pour lui, surtout la dernière, Emelyne, parce que c’était la dernière qu’il ait faite. J’étais la dernière de ce Bleu-ci aussi, d’une certaine façon, ou une dernière, puisqu’il avait été déclaré Bleu juste après Béthély. Je l’ai invité à s’asseoir un moment. Les autres se sont écartées, polies, c’était presque drôle. Je lui ai demandé s’il vivait à Wardenberg ; non, il était seulement de passage. Vous restez à Callenbasch ? Oui, la plupart du temps. Les sujets de conversation n’étaient pas spécialement nombreux. Mais enfin, il n’avait pas l’air stupide, je n’avais pas besoin de le ménager ainsi. J’ai dit : « Alors, vous vouliez me voir ? » Il a simplement répondu : « Oui. Je n’ai pas fait beaucoup d’enfantes célèbres. » il a souri d’un air un peu confus. Finalement, il semblait très gentil, ce Bleu. Je l’ai invité à dîner avec nous – s’il acceptait, ça ferait toujours plaisir à Dougall. Il m’a surprise : il a accepté.

Elles allèrent donc chez Fraine. Depuis qu’elle était enfin devenue Bleue au début de l’hiverné et qu’elle avait son propre appartement au Deuxième Niveau, c’était presque toujours là que le groupe des « Haldistes indépendantes » de Wardenberg se retrouvait. Mais c’était Livine qui préparait les repas (Ce serait l’argument que Fraine emploierait en plaisantant lors de la campagne de Lisbeï : « On mourra de faim si c’est moi qui m’en occupe ! »).

Lisbeï observa le Bleu à la dérobée pendant le repas, tous les sens en éveil ; mais il était parfaitement ordinaire sur ce plan, ni plus ni moins perceptible pour elle que Livine ou Dougall. « … Un caractère récessif ne s’exprime pas quand le gène en est présent sans son répondant activateur » mais compte tenu de l’intensité de son « expression » chez moi, j’aurais pensé que le géniteur serait déjà lui-même un mutant « actif ». Apparemment, je dois davantage à Selva.

Quelle idée stupide ! C’est moitié-moitié…

Mais l’espèce de satisfaction ressentie à l’écrire avait été bien réelle, et Lisbeï, au bout d’un moment de réflexion, dut conclure avec indulgence que les fantaisies de l’enfance avaient la vie dure. Elle ajouta, pour se le rappeler : Non, Lisbeï, les femmes ne font vraiment pas les enfantes toutes seules.

Et c’était avec ce Bleu bénin que Selva l’avait faite. Le premier Mâle de Selva. Il avait dû avoir, voyons…la trentaine dépassée. Un Rouge en fin de Service et encore tout surpris, apparemment, d’avoir contribué quand même à une enfante comme Lisbeï.

« J’avais besoin d’agvite chaque fois que j’allais la voir », finit-il par lui dire. Ou plutôt par se dire. Il était très tard, le zirfell avait coulé à flot. Marcie et Bertia essayaient de se rappeler toutes les paroles d’une chanson ribaude datant des Harems ; Dougall dormait roulé en boule sur le gros tapis de haute laine de Béthély que Lisbeï avait offert à Fraine ; Livine somnolait, la tête sur les genoux de Fraine, et Fraine avait décidé de terminer le zirfell. Lisbeï et le Bleu s’étaient retrouvées assises sur les coussins de la large embrasure de la fenêtre, perchées au-dessus du Premier Niveau et de ses toits vaguement luisants sous la demi-lune qui se couchait. Est-ce qu’elle lui avait posé des questions ? Elle ne se rappelle pas ; cela lui semble peu probable. Mais il avait commencé à évoquer des souvenirs, peut-être parce que, comme la plupart de celles qui se confiaient à Lisbeï, il sentait confusément son intérêt. Elle ne nie pas qu’elle était très intéressée. Et puis, il avait beaucoup bu.

Il avait de la chance que l’agvite ne soit pas une drogue créant une véritable accoutumance physique ! Il en prenait tellement qu’il se retrouvait dans sa chambre sans même se rappeler ce qui s’était passé. « Et c’est sans doute dommage, parce que le lendemain, quand nous prenions le petit déjeuner dans ses appartements (Selva prenait le petit déjeuner avec ses Mâles, dans le temps ?!) elle était très aimable et moi je ne me rappelais rien, j’étais plutôt embarrassé. Surtout qu’elle voulait parler (de quoi, Elli ! il ne l’a pas dit) et que je n’ai jamais été spécialement bavard (il s’est aggravé avec l’âge, alors ?). Et puis, à l’époque, j’en avais vraiment assez d’être un Rouge. Je ne pouvais plus, ou presque. S’il n’y avait pas eu l’agvite, je n’aurais sûrement pas pu avec elle. Je commençais à ne plus voir une Rouge sans avoir envie de m’enfuir. » (Eh, ce n’est pas comme s’il avait été obligé de faire Elli avec toutes les Rouges compatibles, comme au temps des Ruches !)

Rendue à ce point de son récit, Lisbeï se rendit compte qu’elle faisait vraiment beaucoup de commentaires sur le discours du Bleu. Ce n’était pas son habitude : elle essayait de transcrire le plus objectivement possible ce qu’elle se rappelait des paroles des unes et des autres. Et la tonalité générale de ces commentaires n’était définitivement pas objective, en plus. Mais le Bleu l’avait agacée, c’est vrai, par son ton soudain geignard ou du moins plaintif, cette espèce d’appel à la sympathie qu’elle avait senti en lui.

Bref, à l’en croire, avec un peu de chance j’aurais pu être Tula.

Elle regarda avec un peu de surprise ce qu’elle venait d’écrire et ajouta au bout d’un moment : Ou ne pas être du tout, si ce Rouge à bout de souffle n’avait pas disposé d’agvite. On n’est censée en boire qu’à la Célébration, non ? Comment se la procurait-il ?

« Kélys », serait la réponse étonnante à la question posée par Lisbeï. « La grande noire, Kélys, c’est bien comme ça qu’elle s’appelle ? Elle comprenait très bien. Très compréhensive, pour une femme. Elle était Bleue, bien sûr ; parfois, ça aide. Vous voyez… – il avait eu un petit rire rendu hoquetant par l’ivresse – « …sans Kélys, si ça se trouve, vous ne seriez pas née. »

Kélys devait arriver deux jours plus tard à Wardenberg. Mais Lisbeï n’aurait pas l’occasion de l’interroger à ce sujet : Kélys n’arriva pas. À sa place, quelques jours plus tard, un bref petit message d’elle apprit à Lisbeï qu’on avait découvert une circulaire dans les Archives de Maestéra, en Escarra, une des fameuses circulaires du Harem de Béthély annonçant la capture et l’exécution de Garde et des Compagnes. Kélys s’y rendait évidemment pour examiner la trouvaille. Et quelques jours plus tard, enfin libérée des conférences et s’offrant quelques jours en tête-à-tête avec le carnet pour se récompenser de tous ces soucis, Lisbeï elle-même arriverait au passage parlant de la « néopsylocine » et aux autres indices qui la conduiraient à faire sa propre découverte de Belmont. Elle aurait bien autre chose à faire alors que de se rappeler les confidences à demi ivres d’un Bleu inconnu qu’elle n’aurait jamais pensé à appeler « père » même si elle connaissait l’existence de ce terme.

Chroniques du Pays des Mères
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